Page:Groulx - Mes mémoires tome I, 1970.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
353
deuxième volume 1915-1920

Rapaillages « dans une vue patriotique ». On l’aura lu plus haut : je ne songeais qu’à me délasser, qu’à m’évader du travail quotidien jugé parfois lourd. Et je cédais aussi, sans doute, à ce besoin de rêverie et de retour sur son passé qui sont au fond de tout homme.

Je ne citerai plus qu’un seul témoignage et qui démontrera peut-être que, même imparfaite, la littérature régionaliste peut plaire aux gens de toute classe. Ce témoignage est du cardinal Bégin. J’avais connu à Rome, pendant ma vie d’étudiant, au Collège canadien où il était en visite, cet homme si simple, si paternel. Souvent le soir, à l’heure de la récréation, groupés quelques-uns autour de lui, il nous racontait, avec sa parfaite bonhomie, les impressions, les incidents de sa journée dans Rome, ses visites aux grands personnages, ses audiences du Saint-Père. Je m’étais permis de lui envoyer en hommage un exemplaire des Rapaillages. Il daignait me répondre de sa propre main :

Québec, 8 octobre 1916

Cher monsieur l’abbé.

Vous avez eu la bienveillance de me faire hommage d’un exemplaire de vos Rapaillages. Je les ai lus et tout d’un trait, sans pouvoir stopper. Ils sont délicieux, parfaits, exquis. Il n’est guère possible de peindre d’une manière plus exacte et plus aimable les coutumes, les mœurs, le langage de nos braves gens de la campagne. C’est tout comme chez nous. Cette lecture a été pour moi un régal, une vraie jouissance. Recevez mes cordiales félicitations.

Veuillez agréer, cher monsieur l’abbé, l’expression de ma sincère gratitude et de mes sentiments les plus dévoués en N.S.

L. N. card. Bégin,
arch. de Québec.

En feuilletant de nouveau ma correspondance, je trouve deux autres lettres qui m’avaient échappé. La première est de Louis Lalande, s.j., qui m’écrit de Woonsocket, É.-U. (22 septembre 1916) :