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troisième volume 1920-1928

pas d’embrigader tout le jeune talent, je me jette à la tête des plus hauts seigneurs. La revue prépare alors la première, je crois, de ses grandes enquêtes. Le sujet d’étude en sera : « Nos forces nationales ». Par un article de quelque six pages, j’en donne l’annonce et j’en dis l’opportunité dans la livraison de décembre. Et voici que vont figurer parmi les collaborateurs : Nosseigneurs Georges Gauthier et Arthur Béliveau, Mgr L.-A. Paquet, MM. Henri Bourassa, Antonio Perrault, Édouard Montpetit, les Pères Louis Lalande, s.j., et M.-A. Lamarche, o.p. À Mgr Paquet échoit le sujet : « Notre foi ». Il avait accepté de bon cœur. Le 23 octobre 1917, il m’écrivait :

Je lis avec beaucoup d’intérêt L’Action française et je constate qu’elle fait une belle œuvre, très saine, très patriotique, très vigoureuse.

Ma collaboration très modeste n’ajoutera guère à sa valeur. Cependant, puisque vous y tenez, j’essaierai, malgré les travaux de toute sorte auxquels je suis mêlé et qui prennent presque tout mon temps, de vous préparer une dizaine de pages sur Notre foi, pour la fin de novembre ou le commencement de décembre.

Ce n’est pas le seul article qu’il ait donné à L’Action française. Nous publierons en brochure très largement répandue, avec commentaire par le chanoine Émile Charrier, son admirable discours sur la vocation de la race canadienne-française, prononcé en 1902. En 1924, un monsieur Trois étoiles (xxx) qui est peut-être l’abbé Cyrille Gagnon, futur recteur de l’Université Laval, donne à la revue un portrait littéraire du prélat. Le portrait est joliment dessiné. Il n’a pas échappé au portraituré qui m’en écrit plaisamment :

Je ne sais quel est l’aimable Monsieur qui, dans le dernier numéro de votre revue, couvre son nom de trois étoiles et en dépose une bonne demi-douzaine sur mon humble front.

Je vous prie d’avoir la bonté de le remercier de ma part de son extrême bienveillance, de lui dire que je n’ai pas la naïveté de me croire digne de paroles si flatteuses, et que, si j’étais son confesseur, je lui imposerais comme pénitence, pendant le Carême, trois jours de jeûne au pain et à l’eau.

J’ai bien échangé avec le prélat une vingtaine de lettres. Impossible de transcrire ici les choses par trop aimables qu’il prodigue à notre œuvre et à son directeur. Faisons exception cependant