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quatrième volume 1920-1928

bre, des députés qui soient nôtres. Opportune et juste consigne qui a pourtant l’heur de déplaire à la plupart de nos politiques au petit pied. J’écris, en effet, c’est en 1926 :

Les profiteurs de la politique diront encore que c’est là faire montre d’étroit provincialisme. Il ne faut tout de même pas oublier cette vérité première que la Confédération canadienne est une alliance et non une fusion de provinces ; puis qu’au parlement fédéral, chaque député est élu par des électeurs de sa province et qu’il y représente les intérêts de sa province, tout autant pour le moins que les intérêts généraux de la Puissance. En outre, les députés canadiens-français sont les seuls qui, au parlement fédéral, aient à protéger des intérêts (droits religieux et scolaires des minorités catholiques et françaises ; droits de leur langue, législation sociale), — intérêts dont l’importance morale dépasse de beaucoup tout autre intérêt politique ou économique.

En ces conditions, le mot n’est pas trop fort quand nous disons que diminuer volontairement nos effectifs à Ottawa, c’est trahir. Des étrangers peuvent devenir de précieux alliés ; mais pour trouver de bons alliés, il faut d’abord représenter une force…

Cessons de commettre des générosités que personne ne nous rend et qui n’ont que le mérite de nous rendre ridicules aux yeux des autres groupes si empressés à prendre tout ce qui leur appartient… (XVI : 96).

La même année, j’adresse, dans la revue, à nos représentants au parlement d’Ottawa, des admonestations qui témoignent, elles aussi, de nos désenchantements :

C’est à force d’intelligence, de dévouement, de luttes, que les nations conservent leur caractère distinctif… Les Canadiens ont vérifié, à leurs dépens, la justesse de cette observation. La liberté se prend ; elle se garde… (XVI : 65).

La race espère que les sièges occupés par ses délégués ne sont pas des fauteuils vides, ni des causeuses, ni des chaises longues, ni des tabourets pour les bons petits garçons bien obéissants. Imitons ces loups de l’Ouest, qui font peu de discours, mais qui savent ce qu’ils veulent et qui l’arrachent… (ibid., 365).

Toujours obsédée par les mêmes soucis politiques, L’Action française cite une longue page d’une brochure d’Olivar Asselin