Page:Groulx - Mes mémoires tome II, 1971.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
troisième volume 1920-1928

appui : Antonio Perrault. Il nous arrivait en mars 1920, à la veille des jours où j’assumerais la direction de la revue. Nous quitterons l’œuvre ensemble, quand il n’y aura rien à déserter, puisque l’œuvre sera morte. Nos relations remontaient assez loin : au temps de ses études à l’Université, à la Faculté de droit qui fut aussi le temps de sa présidence à l’Association catholique de la Jeunesse canadienne-française. Car, lui aussi, comme bien d’autres, nous était venu de l’ACJC. En 1905, je lui avais envoyé mes deux articles de la Revue ecclésiastique de Valleyfield sur la « Préparation des jeunes à leur rôle social ». Il m’en remercia dans une lettre qui est la première reçue de lui. Il m’écrivait déjà sur le ton de l’amitié :

Votre article aidera puissamment notre Association. Il faut qu’elle pénètre dans les collèges… Comme les choses iraient vite si tous les professeurs et tous les prêtres de cette province avaient l’âme éclairée et ardente de notre excellent ami, Monsieur Groulx. C’est déjà beaucoup que Dieu ait mis dans nos rangs un tel cœur et je Lui en suis reconnaissant. Il y a des mois et des mois que j’entends parler de vous. Je commençais à désespérer de ne pouvoir jamais m’approcher de vous. Il me semble que votre lettre nous a mis tout près l’un de l’autre.

En juin 1906, sur l’ordre de « notre camarade Bernard » [Henri Bernard], le jeune Perrault accepte de préfacer une petite conférence que j’ai donnée à l’Académie Émard (Collège de Valleyfield), conférence déjà parue, je crois, dans la Revue canadienne, et qui sera mise en brochure sous le titre de : L’Éducation de la volonté en vue du devoir social. Brochure, étude dont je ne suis pas plus fier qu’il ne faut, mais j’en consigne ici le souvenir, parce qu’elle fut, je pense, ma toute première publication qui, hélas, serait suivie de tant d’autres. En cette lettre-préface, je ne relève que ces quelques lignes qui voulaient souligner, pour les jeunes gens de ce temps-là, l’opportunité de certains de mes propos :