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Page:Groulx - Mes mémoires tome II, 1971.djvu/350

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mes mémoires

indispensable du progrès, même matériel, de notre pays. De là, sont nés, je crois, le désir et la détermination des esprits les plus clairvoyants parmi les Anglo-Canadiens de se pencher davantage sur notre vie, d’apprendre notre histoire et d’y chercher des enseignements, des encouragements et des espérances.

L’œuvre que poursuit la Champlain Society, dont vous avez parlé, et d’autres comme le National Council of Education and Citizenship, et plusieurs autres encore, n’en sont-elles pas la preuve ? Il est significatif et consolant de se rappeler que ces sociétés ont été fondées à Toronto, exclusivement par des Anglo-Canadiens qui, jusqu’à il y a quelques années, en ont été les seuls membres. Le but de la société « Champlain » est de faire mieux connaître l’histoire des pionniers et des missionnaires français. Ces Anglo-Canadiens admirent la noblesse et la grandeur des gestes de Dieu par les Français sur ce continent et ils ont entrepris de faire partager leur admiration à leurs propres compatriotes. Ils se sont sentis pleins d’admiration devant l’attitude des Canadiens français encore prêts, de nos jours, à lutter pour un principe, pour un sentiment, et cela même aux dépens de leurs intérêts purement humains.

Le cas que nous faisons de nos devoirs moraux et notre souci constant de faire de cette vie terrestre autre chose qu’une course effrénée vers la richesse, les a émus. Ils ne sont pas loin de croire que le paysan ou l’artisan canadien-français possède après tout plus de saine philosophie que les chercheurs d’or.

La collaboration que, depuis plusieurs années déjà, j’ai donnée aux délibérations et aux travaux des sociétés mentionnées plus haut, et je pourrais en nommer d’autres, m’a permis de constater souvent une disposition évidente de la part des Anglo-Canadiens qui composent ces sociétés à coopérer loyalement, avec sympathie et même générosité, avec l’élément français, dans le but de se rapprocher pour mieux se comprendre, pour travailler d’un meilleur accord à l’entente des races, à la grandeur du pays.

Voilà ce qui, il me semble, il était important et opportun de redire. Vous l’avez fait d’une manière admirable et bien convaincante. Puisque les Anglo-Canadiens se plaisent à se pencher davantage sur notre vie, il en résulte pour nous le devoir de leur en faciliter la tâche, de les aider à nous mieux