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mes mémoires

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Pour me rassurer, au surplus, sur l’orthodoxie de mon nationalisme, un témoignage m’arrivera quelques années plus tard, en 1937, témoignage plus que tout autre rassurant, décisif. Il me viendra du théologien alors le plus illustre du Canada français : Mgr Louis-Adolphe Paquet. Et ce témoignage, mon vieil ami me le décernera quelques jours à peine avant mon discours tant discuté au deuxième Congrès de la Langue française. On peut le relire dans un article du prélat (Le Canada français, juin 1937, p. 931) qui a pour titre : « Trois obstacles à la paix mondiale ». Ce témoignage, je l’ai déjà cité dans le portrait que j’ai essayé d’esquisser de mon très noble ami, en mon précédent volume[NdÉ 1]. Je ne veux donc point y revenir.

Je ne crois pas trop présumer néanmoins des intentions du cher Mgr Paquet en écrivant ici que cette petite digression lui fut inspirée par le désir très net, sinon de nasarder quelques critiques de son entourage québecois, du moins de les rappeler à la raison. Jugement de théologien qui m’est resté infiniment précieux. Alors, et dans la suite, aux confins de problèmes où il est si facile de se tromper, combien de fois me suis-je reporté à l’absolution de mon vieil ami, pour me rassurer sur mon orthodoxie.

Le directeur de L’Action française est-il resté prêtre ? Il ne m’appartient pas d’en décider. Mes amis ont bien voulu m’en donner parfois l’assurance. Ils ne m’ont pas enlevé la nostalgie que j’ai toujours gardée d’un état de vie où j’aurais vécu davantage dans le sacré.

Bout d’histoire de l’Action française

L’histoire de l’Action française ! Il me semble que c’est elle que je viens de raconter en ces deux volumes de Mémoires, et sans doute, trop longuement. En ces dernières pages, il ne peut donc s’agir que de la vie intime de l’œuvre, de certains faits ou aperçus, de quelques courbes en son existence qui n’ont pu trou-

  1. Voir p. 177 de ce tome.