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imprévues. Celle-ci, par exemple, de l’abbé Olivier Maurault : « la revue la plus vivante, la plus profondément canadienne que nous ayons » (XII : 382). Cette autre, fort touchante, d’une petite Canadienne française émigrée à San Francisco :

Votre revue nous est bien précieuse, à mon frère, mes sœurs et moi qui sommes venus en ce pays très jeunes, mais qui, à la lecture de L’Action française, sentons se stimuler notre patriotisme. Si nous retournons demeurer au Canada, braver son rude climat, ce sera un peu votre œuvre, car vous nous faites sentir que notre place est au pays des aïeux (XII : 315).

De La Revue bleue de Paris, numéro du 1er novembre 1925, citerai-je l’extrait d’un article de l’abbé A. Lugan, où l’auteur, après un rappel des luttes parlementaires au Canada pour la défense de la langue française, ajoute ce couplet à l’adresse de L’Action française :

C’est un bulletin d’information et de direction nationale qui forme tous les ans un volume de près de 600 pages. Il est rédigé par l’élite des Canadiens français dont la collaboration est aussi brillante que désintéressée. Ses campagnes ont une répercussion profonde (XIII : 122).

L’Action française tient donc suffisamment de place dans l’opinion de son temps. S’étonnera-t-on qu’elle soit fréquemment citée ? Honneur tout particulier qu’on ne lui marchande pas. Ferdinand Bélanger, qui écrit dans L’Action catholique ses impressions sur la Semaine sociale de Sherbrooke (1924), fait cette observation :

Pour terminer, nous avons remarqué qu’une petite revue canadienne fut citée non moins de six ou sept fois, dans les cours de messieurs les professeurs de la Semaine sociale. Nous marquons notre étonnement. Cette revue, en effet, ne possède aucun des brevets qui recommandent ces sortes de personnes morales ; elle n’est pas universitaire, officielle ou mondaine ; en outre elle est d’un format plutôt modeste et ne paraît que mensuellement. Vous déchiffrerez l’énigme vous-mêmes : il s’agit de L’Action française (XII : 189).