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troisième volume 1920-1928

sident de l’Université. C’est ce dernier discours qui paraît avoir produit le plus considérable effet. « Prenez Dollard comme votre patron », a dit aux étudiants, sir Lomer. Sur quoi M. Perrault qui relate la cérémonie observe :

Certains auditeurs sont étonnés de voir cet homme d’État verser dans un tel spiritualisme. Il ne les a point habitués à pareille façon de comprendre les choses. Des forces qui semblent conduire le monde, M. Gouin parut donner ses préférences à celles qui sont étroitement liées aux puissances d’argent et aux intérêts matériels. Combien se sentent heureux de voir enfin M. Gouin s’arrêter devant les héros dont les gestes ne furent point tournés du côté des affaires

À Québec, c’est au parlement que, cette même année, la jeunesse porte le buste du héros et obtient un immense succès, selon le rapport de l’un de nos jeunes amis. « Au moins 15,000 personnes, nous écrit-il, assistaient à la présentation ; il y en avait autant sur le parcours de la procession. » Jacques Brassier ajoutait : « Ce fut une fête pleine d’ordre et d’enthousiasme comme on sait les faire à Québec. »

L’année précédente, la jeunesse s’est portée à un acte encore plus audacieux. C’est au parlement d’Ottawa que, pour le coup, l’ACJC ose présenter un bronze de Dollard. Joseph Blain, président général de l’Association, souligne la manifestation de ces paroles significatives :

En entrant dans le parlement de la nation, Dollard rappellera à nos compatriotes d’autre race, de quelle histoire nous sommes, et au souvenir de ce que nous a coûté le droit de vivre en ce pays, la loyauté de nos associés politiques comprendra le prix que nous attachons à l’intégrité de notre héritage.

Il y a, ce jour-là, sur la terrasse du parlement, des députés, des sénateurs, des échevins, des fonctionnaires municipaux, des