vraisemblance de la conversion du principal héros : Jules de Lantagnac ; on critique les relations de Lantagnac avec l’Oblat, le Père Fabien ; on déclare partiale la peinture des personnages, selon qu’ils sont de nationalité anglo-canadienne ou canadienne-française. On s’en prend à la théologie du Père Fabien qui pousserait trop volontiers à la rupture d’un foyer ; on s’en prend enfin au style du romancier ; on dresse une liste de ses incorrections de forme. Les articles de MM. du Roure et de Montigny ont paru dans la Revue moderne. L’abbé Camille Roy fait passer sa critique dans le Canada français. Il prend particulièrement à partie la théologie du Père Fabien. Valdombre entrera à son tour dans la bagarre, un peu plus tard, dans le journal, Le Matin. Le pamphlétaire se livre à son jeu coutumier d’abattage, la massue au bout des bras. Pour lui, L’Appel de la Race est un « roman manqué ». « À cause du style d’abord, et puis à cause du fond, de la collante thèse, sans conclusion et sans morale, histoire invraisemblable, dont je ne distingue pas bien l’utilité. »
Me sera-t-il permis tout d’abord de régler mes comptes avec une critique parfaitement gratuite ? L’Appel de la Race est-il un roman à clé ? M. de Montigny a imaginé à ce sujet tout un mélodrame. Il a dit ou écrit — je ne sais plus — qu’entré un soir chez M. Belcourt, il l’aurait trouvé la tête penchée sur le roman, et tout en larmes. Mais oui ! L’histoire du sénateur était là, authentique, irréfutable, livrée en pâture au public ! Quel roman dans le roman ! Lorsque j’écrivis L’Appel de la Race, je dois le confesser, je ne connaissais rien de l’histoire conjugale ou familiale du sénateur Belcourt. En revanche, j’avais sous les yeux et depuis mon enfance, le spectacle d’une famille seigneuriale de mon patelin, famille éminente qui, par le mariage mixte, mixte par la foi ou par la race, glissait irrémédiablement pour une part