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troisième volume 1920-1928

L’Action française de février 1923 publie un article du Père Rodrigue Villeneuve, o.m.i. (le futur cardinal), qui se porte, contre l’abbé Camille Roy, à la défense de la théologie du Père Fabien. J’en cite la conclusion empruntée malheureusement, pour une part, à l’abbé Roy lui-même :

Sans être disciple d’Escobar, le Père Fabien n’a pas une théologie si mal avisée. Le roman n’offre point une conclusion morale qui le gâte indubitablement… Et L’Appel de la Race est un livre honnête, bienfaisant, et qui fortifie les consciences, sans cesser d’être « un très beau livre français, qu’il faut lire et pour tant d’idées nobles, généreuses dont il est pénétré, et pour cette langue, forte et douce, dont il est écrit » (Canada français, déc. 1922, 315).

L’Appel de la Race n’est pas seulement un ouvrage, il est un événement. Il marque, pour la culture du sens national, chez nous, une étape significative (L’Action française, IX : 103).

Léo-Paul Desrosiers, futur romancier, accordera deux articles à l’ouvrage d’Alonié de Lestres. Dans Le Devoir du 21 décembre 1922, il s’emploie à réfuter le jugement de M. du Roure. Le 23 octobre précédent, dans le même journal, il avait publié « Sur un roman de chez nous » une longue critique. On me pardonnera d’en citer les deux derniers paragraphes :

L’Appel de la Race expose presque à chaque page un grand nombre de pensées importantes. Il en contient sur la littérature, sur les mœurs, il est plein d’observations sur le milieu. Et c’est ce qui en fait un livre de poids et mêle le sérieux à l’émotion et à l’analyse.

Il faut souhaiter que l’on répande le roman d’Alonié de Lestres avec une activité entraînante, qu’on le sème à tout vent, pour qu’il fasse germer partout, croître et grandir les sentiments et les idées qu’il exprime, pour qu’enfin les générations qui viennent aient plus de fierté dans le cœur et un peu plus d’intransigeance dans l’âme.

Mon bon ami, Antonio Perrault, n’a pas été le dernier à se jeter dans la bataille. Lui aussi, dans Le Devoir, 27 janvier 1923, entreprend de rudoyer vigoureusement MM. du Roure et de Montigny. Il constate d’abord — ce qui importe peut-être en cet-