Quand on ne peut prétexter l’absence de M. Béique, on invoque l’absence de M. Dandurand ou celle de M. Gouin. Et le recteur de laisser aller le jeu de cache-cache. La comédie peut durer indéfiniment. Espérait-on me lasser et m’acculer à la démission ? Au cours des vacances de 1927, une lettre d’Antonio Perrault m’atteint à Saint-Donat. Mon ami m’invite à tenter une dernière démarche auprès du recteur. Je lui réponds qu’en toute dignité je n’en puis rien faire. Je quitterai l’Université. Je me ferai curé. Soudain, coup de théâtre ! Perrault serait-il intervenu auprès du chancelier de l’Université, Mgr Georges Gauthier ? Le chancelier intime au recteur de se montrer plus ferme et lui tient ce propos : « Si ces Messieurs de l’administration s’entêtent à refuser ses légitimes honoraires au professeur d’histoire du Canada, l’Administrateur du diocèse, qu’ils en soient bien avertis, lui constituera ces honoraires à même la mense épiscopale, mais il restera à son poste. » Les vacances de l’été de 1927 touchant à leur fin, une réunion de la Commission d’administration a lieu. De nouveau le recteur soumet le « problème » tant de fois écarté. Une fois de plus M. le sénateur Béique propose l’invariable ajournement. Colère du recteur : « Monsieur, je ne sais plus qui est absent. C’est assez longtemps se moquer d’un professeur ! » Et le recteur de brandir la décision du chancelier. Et M. Béique de baisser humblement la tête. Un mot m’arrive à Saint-Donat qui m’annonce la bonne nouvelle. À ma rentrée à Montréal, tout glorieux, Mgr Piette me raconte son exploit.
Ainsi la Providence arrange les choses au moment même où l’on croit tout gâté. Sans doute, ma vieille maman avait-elle beaucoup prié pour que le Bon Dieu fléchît enfin les divinités universitaires.
L’Histoire avant tout
L’événement m’apporterait un peu de ce calme ou de cette sérénité indispensable à tout travail intellectuel. Redevable de mes moyens de vie à l’Université, je lui devais en conscience l’emploi de mon temps. Excellent motif de me défendre désormais contre les tentations de l’éparpillement. Je vais donc me