vre était né, une vie de saint Paul. À l’époque beaucoup de grands écrivains se livraient à de semblables études et l’hagiographie connaissait, par eux, un merveilleux et opportun renouvellement. À mon sens, Baumann avait écrit un petit chef-d’œuvre. Je le lui dis un jour et j’osai même ajouter que je plaçais son Saint Paul au-dessus de tous ses romans. Il ne parut pas très flatté. Pourtant les romans de Baumann sont déjà passablement oubliés, même s’ils méritaient mieux. Mais je crois que l’on lit encore son Saint Paul. En tout cas, je l’ai fait lire à bien de mes amis, à beaucoup de jeunes gens qui sentaient le besoin de raffermir leur croyance. Chaque fois j’ai obtenu les plus étonnants résultats et l’on m’a remercié avec effusion. À ce propos du Saint Paul de Baumann, rappellerai-je ici un fait de conversion assez surprenant ? L’aumônier de l’Université de Montréal m’avait envoyé un étudiant. Le jeune se disait incroyant et non pratiquant depuis sa versification au collège. Mais il avait manifesté le désir de me rendre visite. Il vint un soir. Je lui demandai en quelles circonstances et pour quels motifs il avait perdu la foi. Problème de famille. Je lui dis franchement : « Mon intention n’est pas de vous présenter une longue démonstration. La foi n’est point affaire de syllogisme. C’est un don de Dieu ; il faut l’obtenir par la prière. Voulez-vous m’accorder cette simple promesse : dire, tous les soirs, avant le coucher, un “Notre Père” . Il me le promit après que je lui eusse dit : — Je prierai avec vous. Puis, cette pensée me vint : — Accepteriez-vous de lire une biographie de saint, une biographie écrite par un laïc et par un grand écrivain, et même un grand romancier ? Je lui passai le Saint Paul de Baumann, priant mon étudiant de me le rapporter dans quinze jours. Quinze jours plus tard le jeune homme revenait pour simplement me dire : — Pourriez-vous, ce soir, entendre ma confession, et demain matin, me feriez-vous la faveur de servir votre messe et d’y communier ? » Saint Paul peut encore faire des miracles.
Baumann et moi échangions de nos livres, ai-je dit. Dès 1929, je lui faisais hommage, je ne sais pourquoi, de ma conférence sur Thérèse de Lisieux. La réponse de Baumann contenait ces lignes qui peignent l’homme avec ce qu’il avait d’entier, d’absolu, dans le caractère et dans sa foi :