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Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/187

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mes mémoires

versité, je manquais des moyens de m’acquitter convenablement de ma tâche.

Et c’est ici, je le crains, que confusion a été faite entre Leçons et conférences publiques : ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Les gens du métier vous diront qu’on peut trouver des professeurs qui s’engageront à faire 50 à 60 cours d’histoire, mais qu’on n’en trouverait guère pour accepter de faire cinq à six conférences publiques d’histoire par année. Préparer aux archives, puis écrire ces cinq ou six conférences, cela veut dire préparer et écrire par an un volume d’histoire d’environ 300 pages. Corvée harassante, à laquelle je me suis pourtant prêté pendant vingt-six ans, de 1915 à 1941, tout en gardant, à partir de 1920, mes cours fermés, et sans recevoir avant 1926, soit pendant onze ans, qu’on veuille bien le noter, aucun salaire pour ces conférences. Il serait donc inouï que l’administration de l’Université qui, pendant ces onze ans, ne m’a pratiquement rien versé pour une corvée exceptionnelle, fît maintenant entrer en ligne de compte ces années de services impayés pour diminuer la moyenne de ma pension.

Certes, je ne me fais pas illusion sur la valeur de cette littérature historique. Elle ne pouvait valoir davantage dans les conditions défavorables où l’on m’a contraint de travailler. Me permettra-t-on de faire remarquer toutefois que j’ai publié huit volumes de ces conférences publiques, et que, à la demande expresse du doyen de la Faculté, l’un de ces volumes, L’Enseignement français au Canada, m’a servi de soutenance pour un doctorat ès lettres ? Je ne crois pas, à tout prendre, et en dépit de tout, que mon enseignement ait nui au prestige de l’Université de Montréal, si j’en juge par l’appréciation qu’en faisait, il y a peu d’années, Mgr le recteur actuel, lorsque l’Université, de son propre et unique mouvement — on le sait — me décernait un diplôme de doctorat en droit honoris causa. C’est, pour le même enseignement, donné pendant deux ans chez elle, que l’Université d’Ottawa me décernait, en 1934, le même doctorat en droit. Et c’est un peu pour le même enseignement, sans doute, que l’Université Laval m’accordait, en 1937, le titre de docteur ès lettres honoris causa. Me permettra-t-on encore d’ajouter que l’ancien professeur d’histoire du Canada compte parmi les trois ou quatre professeurs de l’Université de Montréal que l’Institut scientifique franco-canadien envoya donner des cours en Sorbonne et que ces cours, de par l’initiative de France-Amérique — et sans que j’y fusse pour rien — ont été publiés