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Louis-Joseph Papineau

du grand tribun, cherchant si la révision d’un procès ne s’impose point.


Éclairons bien tout d’abord la scène politique au moment où, tout jeune homme, y apparaît Louis-Joseph Papineau. Une vue étroite de notre histoire réduit parfois à une question de places et de picotin, ces vieilles luttes de nos parlementaires. À lire quelques historiens trop aveuglés par la poussière de l’arène, il semblerait que ces problèmes du budget et du choix des fonctionnaires, objets de si âpres disputes entre les partis d’alors, n’eurent que l’importance qui tient aux mots. Ces historiens ne voient pas, ou ne veulent pas voir les éléments tragiques qui évoluent autour de ces simples réalités et leur donnent sur l’écran un reflet si agrandi. Quel est l’enjeu véritable de cette longue lutte politique, amorcée en 1792, dès l’ouverture de notre premier parlement, continuée sans relâche par delà même l’épisode de la révolte, jusqu’au premier ministère La Fontaine-Baldwin de 1842, reprise presque aussitôt de par l’autocratie de Metcalfe, pour ne se terminer qu’avec le retour aux affaires de Baldwin et de La Fontaine, après les apaisements de lord Elgin ? Pour quiconque y regarde de près, quelle autre ambition nourrit le parti oligarchique anglo-canadien, si ce n’est de confisquer à son profit la constitution de 1791 ? Venus de l’Angleterre de la fin du dix-huitième siècle, d’un pays livré en pâture à une caste aristocratique, les émissaires de Downing Street emportent aux colonies les méthodes administratives de là-bas. Souvent même, simples substituts des hauts profiteurs de la métropole, ils n’accourent dans les dépendances de l’empire que pour accroître les prébendes de leurs maîtres. De là leur