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PASSAGE DE L’HOMME

ner. Il commença par dire qu’il savait ce qui convenait aux morts, qu’il était seul à le savoir, créé pour ça, ordonné pour ça, qu’il admettait, à la rigueur, que personne d’entre nous ne vînt à l’église, mais qu’il ne supporterait pas qu’on se mêlât de ses propres affaires, ou bien, plutôt — il se reprit — des affaires de Dieu. Et il regarda l’Homme droit dans les yeux. Et l’Homme regardait aussi Monsieur le Curé, mais sans effronterie et avec un sourire qui ne se moquait pas, un sourire qui disait seulement : « Allons, allons ! pourquoi vous fâchez-vous ? est-ce que c’est digne de vous ? est-ce que c’est sérieux ? » Et l’Homme dit simplement : « Monsieur le Curé, je n’ai pas songé un moment que je vous fâcherais. Celui des Hauts était là devant nous. C’était un pécheur comme nous autres, dont le péché peut-être se voyait mieux que le nôtre, je l’aimais bien, nous étions d’accord sur pas mal de choses, alors je lui ai dit au revoir. C’est tout ».

« Et c’est trop », dit Monsieur le Curé, et il blanchit soudain, pris d’une colère terrible, et sortit en claquant la porte.

Ce qui survint ensuite ne fut pas de nature à l’apaiser, et pourtant l’Homme n’y mettait aucune malice : il ne faisait que ce qu’il devait faire, et il le faisait humblement.