Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
PASSAGE DE L’HOMME

si elle s’en va : nous ne savons pas ce qui est le mieux pour nous. » Ils parlèrent encore quelque temps, et, avant que le Fossoyeur refermât la porte sur lui, l’Homme lui dit : « C’est mon idée d’aller aux Iles, pour mieux savoir. Je reviendrai, et il y aura de la joie pour vous tous, et la pensée des morts elle-même, je crois qu’elle vous sera légère. »

La nuit d’après, ce fut une grande clameur. Dans un court moment de silence, une voix aiguë de femme cria : « Là, voyez-vous, là, sur le toit, une flamme toute rouge ! C’est un démon ! C’est un démon. Il vient sur nous ! » Et elle poussa un cri strident, et s’écroula : nous comprîmes ça au silence qui suivit. Et l’Homme sortit sans que nous puissions l’en empêcher. Mais dès qu’il apparut dans l’embrasure de la porte, avec derrière lui la lumière de notre lanterne, ils s’enfuirent en hâte parmi des cris, laissant la femme inanimée.

Nous la transportâmes dans la cuisine. Elle était raide, je crus qu’elle était morte. Mais l’Homme l’allongea sur le banc, et il souffla sur son visage, et il se mit à lui parler doucement, et alors elle se réveilla. Et elle dit, comme sortant d’un rêve, à voix très basse : « La flamme s’éteint, il n’y a plus de flamme. » Puis elle regarda autour d’elle.