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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/125

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En Pleine Terre

Le docteur réfléchissait tout en frisant sa moustache :

— Oui… oui… ça nous fera toujours pas de tort. Le père Beaurivage est pesant dans le parti.

Le maire de la paroisse et le docteur s’entendaient à merveille : l’un était préfet du comté, l’autre, député.

— Mais la médaille, où la prendre ?

— J’en ai justement une sur moi, docteur ; je devais la donner en hommage à un grand collège, mais je me sacrifierai. Et ce n’est pas de la guenille, docteur, de l’or à dix-huit carats. D’ailleurs les notables devraient se faire un devoir sinon un plaisir de se cotiser pour offrir un petit quelque chose à l’un des leurs. Je la céderais au prix coûtant, bien entendu.

— Voilà une idée de génie, approuva le médecin en retournant à son malade.

Le secret vola de bouche à oreille, chacun y agréant sans trop se faire prier. Au docteur appartenait bien l’honneur de décorer le jeune brave, toujours privé de connaissance sur sa couche. Ayant parlé de son émotion en termes délicats, il commença à décrire la fierté que la paroisse, le comté mê-