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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/13

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En Pleine Terre

autres de loin. Prosterné au-dessus de la table, sans un mot, il transvide le thé brûlant de la tasse à la soucoupe et il boit le liquide à petites gorgées, indifférent en apparence à tout ce qui l’entoure. Mathilde et Amanda ont cessé leur corvée et elles assistent patiemment au rite familier, dans l’attente du récit toujours nouveau d’un voyage à Sorel. À la nouvelle que le maître rapporte, elles s’extasient : le pont de glace est formé entre Sorel et les îles. Quelle nouvelle pourrait davantage combler leur cœur ? Avant longtemps les Beauchemin verront sourdre leurs connaissances du Nord ; à leur tour ils iront les visiter et ils sauront tout de ces amis lointains en ne leur cachant rien d’eux-mêmes. Déjà Didace Beauchemin s’enquiert si les femmes ont fait abondante la part des survenants.

— Ce n’est pas tant le manque de nourriture que je crains, assure Mathilde Beauchemin, comme le manque de survenants, par une bourrasque de vent semblable. À part des fils à Defroi, quel survenant se risquera par ici, à l’heure du réveillon ? Pas les gens du Pot-au-Beurre, hé, Amable ?

Pour toute réponse Amable qui s’en va