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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/149

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En Pleine Terre

cord pour une fois les sœurs s’objectaient à la présence de l’étranger gros, gras, encore jeunet et sans doute plein de mauvais plans. Moitié parce qu’il était têtu, moitié parce qu’il lui répugnait d’évincer un survenant aussi serviable, Déi persista dans son idée. Les Demoiselles boudèrent mais Pansu avait une si belle façon, il montrait une telle habileté à réparer tout ce qui s’en allait en démence sur la ferme qu’il désarma leur méfiance au bout de peu de temps.

Ce fut donc sans répugnance qu’elles suivirent le conseil de leur père.

Deux, trois mois passèrent. À l’assurance de son pas, à une certaine manière qu’il avait de se carrer dans la meilleure chaise ou d’élever la voix, il était évident que Pansu assumait de jour en jour la place du maître. Une des vieilles filles était-elle d’humeur morose ? Vite il l’engageait à sourire. Beau parleur, par son verbe charmeur il endormait le mal ou bien il portait à rire en invertissant les mots. D’un grand sérieux, il demandait :

— Si c’est pas trop de sucre, voulez-vous me passer le trouble ?