Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
Germaine Guèvremont

— Et l’autre fois qu’il était à l’affût en plein lac, dans un petit bac, t’a-t-il dit qu’une trombe d’eau a passé à cinquante pieds devant lui ?

— J’ai eu connaissance qu’il m’a parlé d’une fois que le lac était blanc d’écume et qu’il a vu s’avancer une masse d’eau. Longtemps après il poudrait encore comme en hiver. Lui me l’a dit mais je l’ai pas cru.

— À toi aussi, il a tout dit ?

— Il m’a tout dit !

Au bout d’une pause prolongée, Ombéline demanda avec effort :

— Quand tu rentrais du village, seule à seul avec lui, il t’a-t-il déjà passé la main tranquillement dans le cou, en faisant la patte de velours ?

— Déjà, murmura Énervale, dans un souffle.

Mais vite encline au pardon, elle ajouta :

— Il faisait peut-être pas pour mal faire.

— Guette ! réfléchit vivement Ombéline.

Quand il fit brun, d’un filet de voix à peine perceptible, Énervale reprit :

— Ce que tu m’as dit, Béline, pour mes vieilles mains, c’est vrai.

L’autre s’indigna :