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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/23

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En Pleine Terre

Il la poursuivait jusque dans la maison. Non pas que Ludger lui eût fait part de son dessein, mais ce n’était pas uniquement par plaisir qu’il l’entretenait avec tant de soin de tout ce qui touche la navigation, Marie-Amanda n’aimait pas les navigateurs. Pour elle qui appréciait la sécurité de la demeure bien close, à la veillée, quand toute la famille est à l’abri et qu’on se couche en paix, la nuit venue, ils étaient gens peu fiables qui voyagent d’un bord et de l’autre et que les belles filles guettent à chaque port.

Un navigateur, son Ludger ? Pourquoi aller chercher sa vie au loin, se déposséder de son bien quand la terre, maternelle, offre mille bontés ? Le problème tournait en rond et ne présentait aucune issue. Pourtant, une fois ou deux, elle avait cru apercevoir dans les yeux de Ludger, la lueur que l’amour reflète au regard des garçons amoureux. Elle s’était donc trompée puisqu’il la quitterait de son plein gré, sans lui avoir rien avoué de son sentiment.

***

Au bruit de pieds secoués vigoureusement