Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
En Pleine Terre

— C’est curieux, remarqua un jour la mère Beauchemin, qu’on ne voie plus notre quêteux.

— Il sera allé donner un coup de poche dans le nord, répondit indifféremment Didace.

— Ça m’étonnerait, reprit Mathilde. Il n’a pas coutume de s’éloigner. J’ai peur qu’il soit malade, en quelque coin.

Et en faisant un effort de mémoire, elle compta bien cinq mois que Russe n’avait pas réclamé le pain, le beurre, tout ce qu’on lui remettait, à chaque visite.

— T’oublieras pas de t’en informer auprès du commerçant de Sainte-Anne, recommanda-t-elle à Marie-Amanda.

Mais le commerçant de Sainte-Anne ne savait rien du quêteux des Beauchemin.

***

Un matin d’avril, Didace Beauchemin fit signe aux enfants de regarder par la fenêtre : une bande de canards noirs s’ébrouait dans une mare, en plein champ, non loin de la maison. Mieux que la première grive, l’arrivée des canards sauvages donnait le signal