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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/35

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En Pleine Terre

et qui me fait prendre en aversion mon entourage. Les choses qui étaient toute ma vie, voilà que depuis quelque temps non seulement je les regarde à regret, mais je ne suis pas loin de les haïr. Pour mieux dire, je suis sans-cœur à l’ouvrage. Peut-être parce que je prends de l’âge ou que la maladie me guette ? Pourtant il faudrait pour bien faire que je dure encore. Une vieille femme toute ridée, couleur de terre, et remplie de défauts comme moi n’embellirait pas votre Paradis et, à la maison, ils ne se passeraient pas aisément de moi. La plus petite, Alix, est dissipée et chétive et ne fait pas deux pas sans appeler : maman, par ici, maman, par là ! Il y a aussi Éphrem, le jeune, presquement pris comme un homme et qui n’a que treize ans d’âge. Lui et son père ne sont pas toujours d’équerre, il s’en faut.

Ce n’est pas rien.

Vous savez, bonne Sainte Dame, comme mon Didace était contraireux dans notre jeunesse. Rien qu’à lui dire : « Vas-y pas, » mieux que ça, en le regardant d’une certaine manière, je pouvais lui faire franchir ciel et terre d’un seul bond. Et toujours prêt à