Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
En Pleine Terre

jour ou l’autre elle ne regrettera pas le temps passé là-bas ?

Et Marie-Amanda ? La meilleure fille au monde ! Celle-là je n’en suis pas en peine, elle trouvera bien à se marier. Mais elle n’est pas gaie depuis que son Ludger est retourné naviguer. Il n’écrit pas souvent et ses lettres ne doivent pas parler parce qu’elle n’est pas sur le sens de rire. On dirait qu’elle aime son mal ; elle l’entretient et en a soin comme d’une fleur en pot.

Ce n’est pas rien.

Ils vont tous venir tantôt vous causer à leur tour. Écoutez-les, sainte Mère. S’ils ont à se plaindre de moi, tâchez que chacun fasse la part des choses. C’est pour eux que je vous prie. Pour moi, je vous demande pas la lune, juste un peu de repos dans mon cœur usé à force de se démener à gauche et à droite.

Les voici qui approchent. Amable et Alphonsine se regardent dans les yeux. Après tout, ils ont bien le droit d’être heureux comme les autres. La petite et sa sœur se tiennent par le cou en riant. Je gage qu’Amanda aura reçu de bonnes nouvelles. Et le jeune marche avec son père. Voyons ! vont-