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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/38

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Germaine Guèvremont

ils recommencer à se chamailler ? Non, ils jouent tout bonnement. Tant mieux. Aidez-moi à veiller sur eux.

Le temps se chagrine. Des courants blancs traînent dans le firmament et veulent dire qu’on n’ira pas loin sans pluie. Il nous en faudrait, mais une pluie raisonnable, pour que tout lève dans le bon temps.

J’oubliais les grandes mers de mai. Qu’elles ne nous arrivent pas trop vite ! Il n’y a rien qui presse : la terre cherche à peine à se réchauffer.

Le mois de Marie va commencer. Le chantre se prépare à donner le ton. C’est dommage que je ne puisse pas mêler ma voix aux autres pour chanter vos louanges. Dans le temps j’étais une chanteuse difficile à accoter ; je chantais tous les cantiques : « Prends ma couronne, je te la donne, » « Ave Maris Stella » ; je savais toutes les complaintes. Mais aujourd’hui, le petit filet de voix qui me reste n’ajouterait pas grand’chose à votre gloire, ô Marie, notre espérance à tous. »