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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/40

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Germaine Guèvremont

Afin de se donner meilleure contenance, le jeune homme arracha un roseau et s’en fut sur le rivage où Didace Beauchemin achevait de réparer le quai. Son pas vigoureux sur les planches fit clapoter l’eau en des vagues courtes qui allèrent se briser contre les flancs de la chaloupe. Tout était calme. Un ciel tranquille se reflétait dans la rivière lisse et brillante. Un chaland que des pêcheurs descendaient à la cordelle, à la rive opposée, glissait sans bruit, devant les vaches en pâturage sur la commune. Figées sur la berge boueuse, elles négligeaient de s’abreuver, pour mieux contempler le cortège. Seule la pétarade d’un yacht, dans le lointain, déchirait le silence épais de ce midi de mai.

Ce qu’Amable avait à dire était bref et précis ; et la réponse du père fut aussi claire :

— Si tu veux parler de diviser le bien et de te grèyer une maison, je pourrais pas t’avantager dans le moment. Mais si vous êtes d’accord qu’on vive tous ensemble, t’as mon plein consentement. Il y a la chambre des étranges qu’est là à rien faire, arrangez-vous avec. T’en parleras à Phonsine pour