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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/45

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En Pleine Terre

En même temps qu’un fumet de fines herbes chatouillait l’odorat des convives, deux femmes apportaient avec effort un cochon de lait agenouillé sur de la ciboulette et du persil ; il était si gras, si doré que sa peau craquelante menaçait à tout instant de laisser échapper la farce avant le coup de couteau décisif. Douze poulets engraissés aux petits soins, fort viandés et de belle prestance, avaient été sacrifiés, sans égard pour leurs promesses de ponte. Les vol-au-vent voisinaient avec les tourtières, les marinades escortaient les galantines et les rôtis jaune comme de l’or. Il y avait des plats pour tous les goûts. Des sauces clairettes et d’autres, si épaisses, que le couteau y eut facilement tenu planté.

Quand les hôtes virent autant de mets, si bien apprêtés, auxquels ils feraient honneur, ils s’extasièrent tout haut sur un tel festin. Quelques-uns affirmèrent même que jamais, de mémoire d’homme, on n’avait vu fête semblable dans le rang de Sainte-Anne. Devant pareille appréciation, Didace Beauchemin se jugea grassement récompensé de son tracas et de sa dépense.

Trois tablées se succédèrent et il restait