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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/46

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Germaine Guèvremont

assez de vivres pour en régaler encore autant.

Deux heures plus tard, les femmes se mirent en frais de regarnir la table de desserts. Aux yeux des convives éblouis défilaient en procession les charlottes russes, les bagatelles, les blancs-mangers moulés en lions, les œufs à la neige saupoudrés de sucre rouge, les crèmes brûlées, vanillées, fouettées, les gâteaux enguirlandés de boules d’argent, les tartes à Lafayette, les pains de Savoie. Rien n’y manquait. Au bout trônait un immense plat de sucre du pays à la crème, agrémenté d’amandes de noix longues, qui épandait une douce lumière.

La mariée avait échangé sa toilette de noces pour une robe de satin bleu faïence qui fit sensation. Une invitée, envieuse, profita de l’émoi pour palper l’étoffe entre deux doigts et s’assurer si elle était vraiment de qualité.

Amable n’était pas peu fier de sa femme. Il la promenait d’un groupe à l’autre, tout en renouant connaissance avec des cousins perdus de vue depuis longtemps.

— Nous deux, on est frérots, expliquait l’un. On est les enfants des deux frères mariés aux deux sœurs.