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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/47

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En Pleine Terre

Les chansons à répondre se suivaient sans languir. Lentes à déclencher, elles allaient maintenant bon train. Prié de chanter, le chanteur de couplets s’était affaissé sur une chaise, dans l’attitude du complet découragement, comme si semblable invitation signifiait pour lui le pire des malheurs. Prostré, les yeux mi-clos, il s’était recueilli. Soudain il sortit de sa torpeur : ce ne fut d’abord qu’un frémissement des orteils, puis un mouvement plus accentué du pied droit, avant de devenir un plein accompagnement du genou et de la jambe. La voix du chanteur s’éleva, plaintive et triste, mais s’échauffant peu à peu à la chaleur des autres voix :

La belle qui vous a donné
Les beaux souliers que vous portez ?

Chacun reprenait à la volée :

La belle qui vous a donné
Les beaux souliers que vous portez ?

C’est mon amoureux
Quand je le vois j’ai le cœur à l’aise
C’est mon amoureux
Quand je le vois, j’ai le cœur heureux.