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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/49

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En Pleine Terre

jour des noces, la porte de ma maison est ouverte à deux battants pour tous ceux qui veulent nous visiter. » Jusqu’à présent tout s’était passé dans l’ordre, mais Didace y veillait.

À mesure que la journée avançait et que les jeunesses se réjouissaient, il réduisait les liqueurs fortes et les libations. L’heure approchait où il ne servirait plus que de la piquette inoffensive.

Le ménétrier, retenu longtemps d’avance, arriva vers le soir. Après avoir accordé son violon, il salua à la ronde et se mit à « bardasser » son instrument en faisant tant et tant de simagrées que les enfants s’enfuirent dehors pour rire plus à leur aise. On avait débarrassé le milieu de la place. Les beaux danseurs entrèrent en scène. Ceux qui possédaient le rythme de la danse à petit pas et qui savaient balancer leur compagnie du bout des doigts, en frappant le plancher du talon, faisaient envie aux vieux qui regrettaient leur jeune temps et rappelaient leurs prouesses d’alors. Un ancien alla dans le fond de la cuisine quérir l’aïeule et l’entraîna à danser deux pas de gigue, mais vite elle retourna à sa place.

Sur un coin de la table, Mathilde Beau-