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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/50

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Germaine Guèvremont

chemin étendit une couverture grise de laine du pays pour accommoder les joueurs de cartes. Quatre vantards s’attablèrent à un tournoi de casino ; l’un d’eux, à chaque carte qu’il abattait, répétait la même phrase :

— Tu vas voir que je vas secouer le pommier.

Deux relèves le critiquaient à plaisir. Un groupe d’hommes âgés parlaient de politique sans s’emporter, la bonne chère leur ayant enlevé de l’ardeur à la discussion. Déjà les femmes songeant à la longue route à parcourir jetaient des regards inquiets à l’horloge.

Il était près de minuit quand les fils à Defroi commencèrent à se colleter. Éphrem chercha à les séparer, mais tous trois se trouvèrent enchevêtrés et trébuchèrent dans la boîte à bois qui céda sous leur poids. Il se répandit une poussière qui fit tousser toute l’assemblée.

Apeuré par le bruit, un enfant que sa mère allaitait, le dos tourné à l’assistance, modestement sous un châle, se mit à pousser des cris perçants.

Ce fut le signal du départ.

Tous convinrent cependant que ç’avait été une fort belle noce.