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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/52

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Germaine Guèvremont

mais c’est pas une raison pour te jeter dehors
et pour me grèyer d’une machine.

On s’connaît ben, nous deux, hein ?
Si on s’connaît ben
depuis tant de temps qu’on vit ensemble !

J’pense à la fois
quand le p’tit est né
et qu’on était d’cérémonie.
Ah ! cré bateau !
on était faraud
pas rien qu’un peu
sur la concorde du dimanche.
Même les voisins nous regardaient aller
comme si on avait été
des étrangers.
S’il y avait eu moyen, t’aurais ri
d’les voir s’tortiller de jalousie.

Et quand la femme a été malade, là !
— j’pensais quasiment qu’elle en reviendrait pas —
on en a passé une vraie nuitée
c’te nuit-là, nous deux !
Avec ton cœur de cheval,
t’avais compris ça, toé,