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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/55

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UN MALHEUR


Et ce fut l’été dans tout son accomplissement, l’été qui, par les journées venteuses, glissait son odeur de foin coupé jusque dans la maison.

Le jardin était en fête : déjà les iris avaient fait place aux pivoines ; depuis des semaines, les pensées montraient à tout venant leur visage de velours ; les passe-roses éclateraient à la prochaine ondée. Quant aux belles-de-nuit et aux saint-josephs, ils bordaient en se cachant les carrés du potager où avant longtemps Mathilde Beauchemin coucherait sur la terre les plants de tomates, afin d’en hâter la maturité.

À la tombée du soir, les femmes allaient ratisser un peu partout dans le jardin et admirer le progrès des fleurs, tant les humbles qui se tassaient dans l’ombre que les fières qui s’élançaient vers la lumière. Et oubliant la fatigue, portées par leur soupir,