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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/63

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DEUX VOISINS PLAIDENT


Parmi ses meilleurs souvenirs de jeunesse, Didace en chérissait un plus tendrement : c’était d’avoir entendu Thibault dit les-grands-pieds adresser la parole. À la moindre occasion, il ne manquait pas d’arborer cette réminiscence comme un drapeau qui eut jeté sur lui l’ombre d’un grand prestige :

— Ah ! mes vieux, si vous aviez été là ! Dès qu’un orateur élevait tant soit peu la voix, Thibault n’en faisait qu’une bouchée !

Autrefois, dans le bon temps des assemblées contradictoires, Didace entreprenait joyeusement, le dimanche, trois, quatre lieues de voiture pour assister à une joute de discours sur la plateforme. Et quand les adversaires en jeu étaient un paysan et un galant des villes, son plaisir s’en doublait d’autant.

— Mes amis, disait précieusement le cita-