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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/64

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Germaine Guèvremont

din, allez-vous élire un député aux mains calleuses ?

— Vous êtes témoins, messieurs les habitants, qu’il nous traite de mains galeuses, reprenait le paysan feignant la plus grande indignation.

— Un homme, continuait le citadin, tout juste bon à mener les bœufs sur la charrue…

— C’est une bonne chose qu’un homme sache mener les bœufs, parce que mon adversaire, lui, les attellerait par le mauvais bout.

L’assemblée se tordait de rire. Plus l’homme des villes semblait mépriser le paysan, plus l’homme des champs accordait de déférence à son semblable.

***

Hélas ! ce temps-là n’était plus. Didace Beauchemin en gardait la nostalgie. Il se rabattait sur les procès ; mais même les effets de toge savamment rejetée sur l’épaule, les phrases ronflantes et l’enflure de la voix ne l’en consolaient que petitement.

Cependant dès qu’un terme des assises