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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/69

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VERS L’AUTOMNE


Le grand Didace Beauchemin reprocha doucement à Alix :

— Pas comme ça, ma fille. T’enlèves tout le taillant de la hache.

Autrefois il eut gourmandé la petite en la voyant s’exercer à fendre du bois sur l’ébuard, dans un coin de la remise. Depuis que le malheur était entré dans la maison, la voix du maître avait perdu de son aigreur et les angles de son caractère s’étaient arrondis, pour ainsi dire, au frottement du chagrin. Comme le vin Didace s’abonnissait en vieillissant.

Rarement rentrait-il aussitôt. Seule la brunante le ramenait à la maison, vaincu par la fatigue, tassé de jour en jour et enfoncé dans la mélancolie. Chacun redoutait son retour. Mathilde Beauchemin surtout. La tristesse de Didace l’effrayait plus que ses violentes colères d’autrefois. Elle avait