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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/70

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Germaine Guèvremont

beau l’exhorter à de menues distractions, rien ne le tentait. Ce n’était pas naturel, songeait-elle, qu’un homme prit ainsi le pli de la douleur. Elle-même, depuis la mort d’Éphrem, n’avait-elle pas une roche attachée au cœur, sans que rien n’en transpirât au-dehors.

En entendant parler son mari, ce soir-là, elle jugea qu’il était temps de lui venir en aide.

Comme il achevait de manger une trempette, elle lui dit :

— Grégoire te fait demander sans faute.

Elle parlait d’un ton dégagé, sans paraître attacher du prix au message, sachant bien que si elle insistait, Didace renoncerait à l’idée de se rendre chez le voisin. Les hommes, à l’ordinaire, s’y réunissaient à la veillée pour discuter des personnes et des choses. Quand elle le vit en route, un soupir d’aise lui échappa.

***

L’été touchait à sa fin. Où trouver la verdure des mois passés ? Déjà les ardeurs du soleil l’avaient atteinte. La pluie redon-