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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/71

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En Pleine Terre

nait parfois aux bois et aux champs un semblant de résurrection mais ils reprenaient vite leur couleur élavée, à l’approche de l’automne.

En haut de la berge un yacht sur le flanc montrait sa quille blessée. À côté des canots de chasse et des petits bacs à la renverse, rajeunis par la peinture, les rets et les verveux attendaient leur tour d’être remmaillés et goudronnés. La saison de la chasse approchait. Le temps était venu où tout bon chasseur vérifie ses lignes à canards, ses mitasses, ses viroles. Après un premier voyage d’exploration, à la recherche des canards domestiques et leur couvée soigneusement marqués à la patte et lâchés à la rivière de bonne heure au printemps, les chasseurs retournaient les ramasser dans les baies. De préférence, par une journée sombre et peu venteuse qui invite les canards à voyager sur l’eau tandis que le gros soleil et la grande chaleur les poussent plutôt à se réfugier sur une butte ou à l’abri, parmi les joncs. Par précaution, chaque chasseur avait planté la branche de saule qui signait la prise de possession de la mare où il installerait son affût.