Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
Germaine Guèvremont

Didace Beauchemin avait assisté sans intérêt à des préparatifs qui autrefois le passionnaient. La chasse n’avait plus le même attrait pour lui et cette année, plus que jamais, il dédaignerait de faire le coup de fusil. Sans une parole, il prit place au milieu des voisins.

Peu après une bande de canards volant en triangle traversa le ciel à portée de fusil. Tous accompagnèrent des yeux le volier et le suivirent dans sa course jusqu’à perte de vue. On présuma que les canards se jetteraient dans la baie de Lavallière. Le fils de Grégoire Latraverse y avait son affût. Plusieurs l’envièrent autant que s’ils eurent vu son canot calé par la surcharge du gibier.

Bientôt les histoires de chasse allèrent leur train.

Un ancien racontait pour la vingtième ou pour la centième fois l’aventure de sa jeunesse. On l’écoutait patiemment sachant qu’à chaque fois il apportait à l’histoire une variation nouvelle :

« C’t’année-là, l’eau était tellement haute que les canards sauvages venaient manger partout dans les baies. Un peu plus, ils seraient venus manger dans le creux de not’