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MARIE-DIDACE

étonna point, tellement elle ne songeait qu’à se protéger. Son premier instinct fut de courir à la porte de devant qu’on ne verrouillait jamais. En s’y rendant, elle faillit trébucher, un orteil pris dans l’anneau de la trappe de cave. Trop dominée par la peur pour en ressentir aucun mal, elle se dégagea comme rien. Le loquet ne voulait pas glisser. Elle appuya le dossier d’une chaise contre la porte et attendit. Peu à peu ses yeux s’habituèrent à l’obscurité. Comme elle surveillait les alentours, des ombres surgirent au quai des Provençal. Elles s’engagèrent sur l’eau, traversèrent le chenal et atteignirent la commune.

— Il y a pas de soin, se dit Phonsine, les Provençal, quand il s’agit de surveiller le bien, on les prend jamais en défaut, Pierre-Côme, avec ses quatre garçons, il faut leur donner ça. Sont pas riches de rien…

À l’approche des hommes, le tapage des bêtes se calma, puis il cessa tout à fait. Phonsine frissonna. Rassurée par la tranquillité, elle se faufila sous les couvertures. Amable, au contact des pieds froids de sa femme, s’éveilla en sursaut.

Mécontente, elle lui dit :

— T’es ben bâti ! Tu dors comme une bûche sans t’inquiéter de rien.

Dans un bâillement, il demanda :