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MARIE-DIDACE

mortalité… trois jours sur les planches… un réveillon à toutes les nuits… Ma femme…

Il larmoyait, le visage enfoui dans un mouchoir blanc à larges rayures noires.

— Qu’elle est donc ben heureuse ! Qu’elle est donc ben débarrassée ! reprit la belle-sœur, la voix pleine d’amertume.

Indigné, le geste distant, il déclama :

— Les morts avec les morts !

— T’aurais pas pu laisser refouler la terre sur elle avant de faire ton veuf ?

Il l’interrompit, la main sur une large bande de crêpe à sa manche :

— Je porte un brassard, la semaine comme le dimanche.

— … et de te remettre à boire comme un cochon ? Ivrogne que t’es !

Il se prit la tête à deux mains :

— Moi, boire ? Moi ?

— Oui, toi. Essaye pas. Tu sens la tonne à plein nez. Puis…

La condamnation tomba, irrévocable, de la bouche de la femme :

— Puis, t’as été vu !

Désarmé, il éclata de rire :

— Aïe, écoute, fais pas la folle. Un homme a beau venir de la Pinière, il a ben le droit de noyer