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Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/33

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lité au lieu du cri qui sourdait de son cœur !

Seigneur !

À plusieurs reprises, elle pressa son front des deux mains comme pour en desserrer l’étau qui retenait de si noires pensées. Monsieur Dulac ne tarderait pas à paraître. Elle l’entendait qui s’agitait dans la pièce voisine. Était-il au courant de son acte tragique ? À tout hasard, elle avait à cœur de se présenter à lui, non pas amère et taciturne, comme l’image de l’affliction, mais souriante et brave.

Personne n’aurait songé à donner le nom de « vivoir » au salon où une petite bonne avait introduit Caroline : tout y respirait trop le passé depuis le mobilier ancien, à dessin de roses, rembourré de crin noir, les bibelots mignards et les fleurs de velours ensevelies sous un globe jusqu’au tapis fleuri, à courte laine, couvrant entièrement le parquet. Des doubles rideaux surmontés de draperie en velours masquaient les fenêtres et semblaient y interdire l’entrée à quelque rafale de modernisme. C’était pur miracle