Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/34

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que des plantes puissent survivre dans cette pièce où seule une lumière chenue faisait son chemin comme à regret. Caroline avec sa jeunesse arbitraire, aurait volontiers créé du désordre dans cette chapelle ardente, inspirée par le même mauvais instinct qui pousse certains enfants à parler haut dans une église. Déjà un programme de changement s’élaborait dans son idée : ouvrir les fenêtres, faire de la clarté, déranger l’ordonnance monotone des meubles et surtout fleurir partout, jeter à pleines brassées l’or des campanules, chasser le passé des murs. Les murs ? À seconde vue. Caroline se rendit compte qu’un miroir encadré d’une large dorure, au-dessus d’une cheminée de marbre noir, en occupait le plus grand pan. De chaque côté, un portrait au fusain. Le premier représentait une jeune femme ; à sa coiffure, à son corsage étriqué, il était visible que ce portrait datait de loin, mais le temps en adoucissant