Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/55

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dit que le temps avait posé un vêtement de plomb sur tout. Pas une feuille ne remuait. La pluie promise par l’écho n’était pas venue et les insectes soudés aux herbages étaient comme morts. Même les fleurs repliées sur elles-mêmes semblaient dormir ; elles n’embaumaient pas et elles avaient perdu leurs couleurs vives.

Darcinette et Caroline s’occupaient à enlever mollement le plantain dans les allées du jardin potager tandis que Lauréat chaulait le bas des arbres. Il prétendait qu’au travail, on souffre moins de la chaleur qu’à l’oisiveté.

De temps en temps, Mariange s’appuyait contre le chambranle de la porte du dehors pour y chercher un peu d’air. Elle s’abattait l’eau dans la figure, à grands coups de mouchoir, puis elle s’éventait à la course avec un morceau de journal plié en accordéon et disparaissait aussi vite.

Ils l’entendirent qui exhortait le poêle à chauffer. C’était mystère pour personne de la maisonnée que lorsqu’elle avait troqué son ancien poêle de fonte contre un poêle moderne tout nickelé, elle n’avait pas fait un bon échange.

Aussi soupirait-elle après son « Happy Thought » défunt, chaque fois que l’occasion s’en présentait. Elle croyait se venger en assénant de vigoureux coups de