Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/76

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ments, ce qui, au bout de quelques mois, devait leur donner une idée nette de l’éternité : toujours payer, jamais finir. Et n’ayant pas les moyens de faire les choses simplement, ils optèrent pour un grand mariage.

Troudeville ne se possédait plus de joie. Un grand mariage dans une petite ville. Du pain sur la planche des conversations pour de longues veillées à venir. Aucun détail n’était négligeable et le plus petit brin de nouvelle, avec une élasticité prodigieuse devenait une primeur qu’on dégustait le soir, en famille. La moindre ne fut pas celle que le dais, soutenu par les enfants de chœur en grand apparat, irait au-devant de la mariée. Seule, la colère de monsieur le curé, homme doux et patient de sa nature, ramena les choses au pas. Il était temps.

C’est enfin le grand jour. Du cœur même de la terre, le printemps s’est levé spontanément comme un miracle. Partout de jeunes pousses dressent leur tête vers le soleil en un hymne à la vie.

La mariée a voulu avoir toute la pompe sacerdotale. Les envieux disent que c’est à un prix de faveur, vu qu’il a un parent dans les ordres. L’église est déjà remplie et les invités sont placés