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elle revint auprès de l’abonnée qu’elle trouva rassérénée ; et en bonne voie de réconciliation.

— À bien y repenser, mettez ma demande de côté. Et je vais profiter de l’occasion pour me réabonner à La Voix des Érables ».

Après maintes excuses, elle quitta le journal.

Caroline la regarda aller sans rien comprendre à cette volte-face. Rêvait-elle ?

Sur la fin de la journée seulement, elle en eut l’explication, en se préparant à ranger les revues et les livres qu’elle avait tirés de la bibliothèque, elle trouva l’Histoire du Christ, de Papini, ouverte au chapitre du Charpentier et la trace fraîche de deux doigts appuyés aux paragraphes suivants :

« N’oublions pas que Jésus fut un ouvrier, fils adoptif d’un ouvrier. Il ne faut pas cacher qu’il naquit pauvre parmi des gens qui gagnaient leur vie au travail de leurs mains et que lui-même, avant de porter son message, gagna de ses propres mains son pain de chaque jour. Ces Mains qui bénirent les simples, guériront les lépreux, illuminèrent les aveugles, ressuscitèrent les morts, ces Mains qui furent percées de clous sur le bois avaient connu la sueur du travail, le cal et la crampe ; c’étaient des mains ayant manié les outils du travail, sachant fixer le clou dans le bois : Mains d’ouvrier ».

« Jésus, charpentier, vécut dans sa jeunesse au milieu de ces objets qu’il fabriquait de ses mains et c’est par leur moyen qu’il entra tout d’abord dans la communion des hommes, dans l’intimité journalière et sainte de la maison. Il construisait la table où il est si doux de s’asseoir avec ses amis, même quand