Page:Guèvremont - Tu seras journaliste, feuilleton paru dans Paysana, 1939-1940.djvu/91

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Mariange qui criaillait :

— Quels sont les sept péchés capitaux ?

Et Darcinette, le cœur gros, avait peine à répondre :

— Les sept péchés capitaux sont… Mais arrivée au septième, plus rien.

Mariange s’impatienta :

— Avez-vous déjà vu une enfant semblable, pas seulement capable d’apprendre une réponse ? Moi, j’avais pas l’âge de raison que je savais tout mon petit catéchisme sur le bout de mes doigts. Ça va faire la plus belle innocente que la terre ait jamais portée… Et mon manger de Noël qui attend !

Comme bien des mères inconscientes, par suite d’une mauvaise éducation, Mariange faisait porter à sa fille le contrecoup de ses succès ou de ses insuccès domestiques. Si par malheur, un gâteau était gras-cuit, Darcinette n’avait qu’à filer doux et sa mère la vouait au pire des sorts. Par contre, quand tout allait bien, l’instruction n’avait pas de pics assez élevés que l’enfant ne saurait escalader. C’était tout l’un ou tout l’autre.

Caroline jugeait cette méthode condamnable, mais elle ne saurait la réprimer que par le bon exemple. Elle intervint doucement :

— Allez faire à manger, Madame Bonneville, tandis que je m’occuperai de Darcinette.

Darcinette recommença :

— Les sept péchés capitaux sont : l’envie, l’avarice, l’impureté, la colère,… l’orgueil, la gourmandise et…

— Voyons, Darcinette, tu connais le nom de ce péché qui enlaidit, qui fait qu’une personne n’a plus le goût du travail.

Soudain, Darcinette, triomphante, claironna :