Page:Guérin - Journal, lettres et poèmes, 1864, 6e éd.djvu/430

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qu’il surmontait en marquant une légère inclinaison, comme un chêne attristé par les vents, et la force de ses pas souffrait à peine de la perte des années. On eût dit qu’il retenait des restes de l’immortalité autrefois reçue d’Apollon, mais qu’il avait rendue à ce dieu.

Pour moi, ô Mélampe ! je décline dans la vieillesse, calme comme le coucher des constellations. Je garde encore assez de hardiesse pour gagner le haut des rochers où je m’attarde, soit à considérer les nuages sauvages et inquiets, soit à voir venir de l’horizon les hyades pluvieuses, les pléiades ou le grand Orion ; mais je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j’irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre.