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LA SAINTE THÉRÈSE

DE GÉRARD

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Thérèse de Jésus, ô ma sainte adorée !
Amante du Seigneur, colombe consacrée,
J’ai votre image enfin ! Du jour où je connus
Votre vie admirable, et du jour où je lus
Ces ouvrages de vous où votre amour suprême
A fait naïvement un céleste poëme,
Je résolus d’avoir en ma possession,
Vieil ou neuf, un portrait qui portât votre nom.
Le ciel enfin m’a fait trouver une gravure
Comme je la voulais, d’une empreinte fort pure,
Et donnant un dessin assez digne de vous.
Fût-il plus imparfait, je l’aimerais sur tous :
Votre nom fait peinture assez. Or donc, ma sainte,
En ce portrait voici comment vous êtes peinte.

La scène est une église, et c’est fort bien choisi,
Car c’était là vraiment votre asile chéri.
Vous pliez seulement un genou sur la dure,
L’autre à demi s’incline, et la robe de bure,
Qui se déroule et dont nul pli n’est retenu,
Laisse divinement échapper un pied nu,