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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/125

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destin féroce.

Point d’angle où ne surgisse un spectre qui t’assaille !
Pas un trottoir banal qui n’élève la voix
Pour te narguer ; — et si tu te sauves au bois,
Un lambeau de ta chair pend à chaque broussaille !

À toi, l’âpre martyr, à toi, le vieux maudit,
Le vent amer, qui geint entre les poutres, dit :
— « Pleurez, yeux secs ! Vieux cœur cicatrisé, ressaigne !
« Roulez encor, ô flots de pleurs ! Vagues de sang !
« Et toi, front bafoué, courbe-toi, pâlissant !…»
Réprouvé, cherche au monde un être qui te plaigne.

Est-il pas des caveaux et des linceuls épais ?
À défaut de pitié, réclame au moins la paix !
Fuis les ricanements au sein de l’ombre noire !
Qu’Hier dans le Néant s’effondre, enseveli.....
— Mais il n’est rien qui veuille, à ta pauvre mémoire,
Faire la charité suprême de l’oubli.


Novembre 1883.